Rencontre avec Los Caminantes à Barcelone les 10 et 11 avril 2011 Gentil Puig-Moreno

Publié le par Gentil Puig Moreno

Rencontre avec Los Caminantes à Barcelone

les 10 et 11 avril 2011

Gentil Puig-Moreno

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Lorsque mon ami, depuis 50 ans, Angel Castanyer, et Didier Cochet de Paris, m’ont demandé de participer à leur randonnée barcelonaise dans les pas des républicains catalans, je ne savais pas encore ce qui allait se passer. Cependant, dans la tête j’avais réuni quelques souvenirs, puisque j’avais écrit sur ce thème sans connaître les destinaires éventuels. Mais, j’ai tout de suite compris avec qui j’avais affaire lors du premier repas du dimanche 10 au soir, près de l’Université.

 

Je vais les appeler Los Caminantes en hommage à Antonio Machado, car eux “hacen camino al recordar”. Ils parcourent les chemins de la mémoire. Je ne connaissais pas, et cela me confrontait à une attitude nouvelle. Angel m’a dit que j’avais fait une vraie conférence place de Catalogne. Ce à quoi je lui ai répondu que, en effet, je n’avais jamais fait un tel exposé sur cette place.  J’avais pensé à ce lieu emblématique en souvenir d’une scène de l’Espoir d’André Malraux se passant en juillet 1936 (depuis ce jour-là, et je ne sais toujours pas pourquoi, un représentant de la Fondation André Malraux m’écrivait de Tunis via Facebook…).

 

Sur la place de Catalogne, je commentais les combats victorieux des républicains du 18 juillet 1936, et ceux de la Telefónica qui les déchiraient en mai 1937. En redescendant les Ramblas, j’expliquais entre fontaines, opéra du Liceu et monuments, la lutte fratricide de mai 1937, entre ceux qui voulaient faire la guerre et la révolution, (anarchistes et troskystes du POUM), et ceux qui voulaient gagner la guerre, et éventuellement, faire la révolution (communistes et républicains). La ligne d’opposition en mai 1937 se situait aux Ramblas, frontière entre la IIIe et la IVe internationale. A Gauche en descendant les ramblas, la IVe, et à droite, le quartier gothique et la IIIe internationale.

 

Arrivés à la hauteur de l’hôtel Oriente, qui n’a pas changé, je rappelais le roman de George Orwell Homage to Catalonia, publié en 1938. Orwell qui était dans les Brigades Internationales (2e British) avait été blessé par une balle à la gorge à Barbastro en Aragon et évacué sur Lleida et Barcelone, précisément à l’hôtel Oriente. Du toit de cet hôtel, il assista en mai 37 au coup de feu contre les syndicalistes qui tiraient de l’édifice de l’UGT, situé plus loin et de l’autre côté des Ramblas.     

 

Après avoir indiqué les casernes du port, d’où était partis les officiers rebelles en juillet 36, nous sommes remontés par la rue Ferran jusqu’à la place Sant Jaume où se trouve la Generalitat de Catalunya. Derrière le palais de la Generalitat et tout près de la cathédrale, je tenais à leur montrer un lieu qui m’a toujours intrigué, depuis mon enfance à Toulouse. Car, à Toulouse, un ami de mon père, un ancien des Brigades Internationales, me montra une collection de revues françaises de l’époque sur les combats de la guerre civile. C’était VU par l’image, et sur une photo, qui m’est restée gravée, il y avait un homme en soutane à côté d’une mitrailleuse sur le toit d’une église place Sant Felip Neri. Nous étions précisément sur cette place, et j’essayais de leur faire comprendre pourquoi je les avais attirés jusqu’à cet endroit insolite, car la façade de l’église Sant Felip Neri est toujours bel et bien criblée de balles. Pourquoi ? Ma réponse vaut ce qu’elle vaut, les historiens diront un jour ce qui s’est réellement passé à cet endroit. En attendant, je continue à croire que des officiers rebelles savaient qu’ils pouvaient trouver un refuge dans cette église. Les miliciens anarchistes les ont assaillis pendant deux jours jusqu’à leur reddition.

 

Ai-je réussi à faire passer le souffle et l’ambiance révolutionnaire des années 30, portée par les anarchistes et les républicains à Barcelone et en Catalogne ? Je l’ignore, mais c’était le but que je m’étais proposé, parce que l’Europe des années 30 était en effervescence, et que Barcelone dans ce contexte européen était avec Prague et Varsovie une des villes où se jouait le futur de la démocratie.

 

Pour ma part, je garderai un souvenir émouvant du passage de los Caminantes que hacen camino al recordar…Ensemble nous avons marché, échangé et chanté notre chère et inoubliable République espagnole, avec “Grandola vila Morena”, Los cuatro generales, A les barricades, El ejército del Ebro, Le temps des cerises, et pour finir Els Segadors (hymne national catalan de 1640) que les clients du dernier restaurant barcelonais ont repris en coeur avec nous.

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